Comme beaucoup ce matin, j’ai assisté en direct de Melbourne au match de tennis le plus étrange de l’histoire après la finale Hingis / Graf de Roland Garros 1999. Un Nadal diminué, parfois au bord des larmes, un Wawrinka d’abord sur son nuage, puis en colère, ailleurs avant de revenir achever les souffrances de Rafa, blessé au dos.
Stanislas Wawrinka, c’est l »autre suisse ». Longtemps dans l’ombre impressionnante de Roger Federer, « Stan the Man » client régulier du top 10, n’avait encore gagné ni Masters 1000, ni tournoi du Grand Chelem. Mais progressant dans l’ombre en même temps que son capital sympathie, ce joueur très apprécié sur le circuit a enfin décroché son premier titre majeur. Et quel titre ! Un Open d’Australie maîtrisé, une victoire éclatante contre Novak Djokovic, numéro 2 mondial et tenant du titre en quarts de finale, et Rafaël Nadal donc, en une finale remportée 6/3 6/2 3/6 6/3. A 28 ans, Stanislas Wawrinka sera lundi numéro 3 mondial et numéro 1 suisse, devant un certain Roger Federer. Il n’y a pas d’âge pour atteindre ses rêves.
Rafaël Nadal était blessé, grimaçant pendant le deuxième set, s’absentant du cours quasi sans prévenir, au bord des larmes entre chaque point, l’espagnol faisait peine à voir. Forfait à Melbourne l’an passé et incertain sur la date de son retour à la compétition, Rafa a, depuis, su faire oublier son absence en revenant à la place de numéro un mondial et en signant un des plus beaux retours de l’histoire du tennis. Largement diminué, il aurait pu abandonner. Fallait-il le faire au lieu de continuer à jouer tant bien que mal, sans pouvoir servir, ni courir normalement ? En continuant le match, c’est à mon avis, un beau cadeau qu’il a fait à Stan : un match à gagner, en entier. L’histoire retiendra une victoire et non un forfait. Car Wawrinka a bien du se battre contre lui-même pour enlever ce match, après un 3ème set complètement laissé filer, tout déboussolé face à un adversaire changé. Et au vu surtout du 1er set, on ne peut pas dire que Stan ait volé sa victoire… Le match aurait pu être grandiose sans la blessure de Rafa.
Rafa n’est donc pas homme à abandonner, mais plutôt à changer de tactique pour grappiller point après point, et perdre dans les règles de l’art face à un joueur méritant, pour le féliciter dans son discours d’après-match.
