Le jour où Nadal perdit à Roland Garros

Je me souviens très bien de ce 31 mai 2009, où Rafael Nadal avait connu sa première (et unique jusqu’à présent) défaite à Roland Garros. Une journée étrange, hors du temps. Mais les choses s’étant arrangées par la suite, l’histoire retient surtout les victoires de Nadal qui ont suivi à Roland Garros en 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014.

Pendant longtemps, plus que la défaite de Rafa, j’ai souhaité la victoire de Roger. Je me suis rongé les ongles devant ces classico tennistiques. En 2011, je suis même allée à la finale Federer / Nadal, le karma m’ayant fait gagner des places #truestory. Mais le Suisse avait eu beau tout essayer, à la fin rien n’y a fait, c’était toujours Nadal qui gagnait. Novak Djokovic a aussi beaucoup tenté, sans jamais parvenir à déborder l’Espagnol. Même la pluie n’avait rien pu faire pour lui. En 2013, je suis allée voir la fin de la finale Djokovic / Nadal, un lundi midi, le match n’ayant pu se terminer la veille (le karma). Mais le Serbe avait eu beau bien cogiter, à la fin rien n’y a fait, c’est encore Nadal qui gagnait. En 2014, même combat, même résultat.

On a beau dire « c‘est pas drôle, c’est toujours Nadal qui gagne« , Rafa qui remporte Roland Garros, ça a un petit côté rassurant. Comme un article de Cosmo, comme quand l’horoscope de 20 minutes vous dit que tout va bien aller. ça prouve que l’équilibre des astres est bien en place, et qu’il existe en ce monde, quelque chose de fiable et de solide.

Et puis Roland Garros 2015. Nadal n’a pas semblé SI en forme que cela sur les tournois précédents, on commence à dire qu’il n’est pas favori, et que PEUT-ETRE il ne gagnera pas Roland cette année. Mais qui y croit vraiment ? Pas moi en tout cas. Quand je l’ai vu arriver sur le court pour son premier tour, biceps saillant et tornade bleue, je me suis rassurée sur son cas. Les journalistes lui parlent sans cesse d’un hypothétique Nadal / Djokovic en quart de finale, il répond qu’il prend les tours les uns après les autres, ça va bien merci.

3 juin 2015, le quart de finale dont on parle tant, celui sur lequel on spécule depuis que les noms sont sortis de la coupe le jour du tirage au sort, scellant leur destinée comme le chapeau de Poudlard, arrive enfin. Une fois de plus, j’y suis, j’ai une histoire avec Roland Garros, je ne peux pas rater ça.

15H et quelques. Tout le monde s’installe en tribunes. Serena Williams a balayé son adversaire du jour, tout le monde est sorti de table, il fait beau, les panama sont de sortie, une affiche de finale se prépare sous nos yeux. Les joueurs s’échauffent, le public poste sur Facebook, le match peut commencer.

Djokovic embraie. Pour battre Rafa, il le sait, il ne faut pas le laisser s’installer dans la routine de la win. Il prend donc un départ en trombe, laissant l’Espagnol presque encore occupé à aligner ses bouteilles. 4-0 Djokovic.

Mais Roland Garros sans Rafael Nadal ça c’est pas vraiment Roland Garros, l’Espagnol tire son son slip et entre dans le match, revient à 4 partout, passe devant. Les deux hommes visitent le terrain, se rendent coup pour coup, le spectacle est beau. D’habitude Rafa parle un peu tout seul, là Nole lui répond, et lui répond même bien. Un premier indice que peut-être l’histoire peut changer : au terme d’un set presque plus long que le match de Serena Williams qui a précédé, Novak Djokovic enfonce un premier clou sur la tête de Nadal : 7/5 Djokovic

Début du deuxième set, Nadal remet ses cheveux derrière ses oreilles, et ne compte pas se laisser enfoncer la tête sous l’eau, mais progressivement le Serbe gagne du terrain, il remet même les coups droits lasso les plus destructeurs, il rate peu, il continue d’avancer. 6/3 Djokovic.

Mené deux sets à rien, l’Espagnol est dos au mur, mais le Serbe fait face à l’ouverture qui lui fait (enfin) face. Il y court, il s’y précipite, laissant parfois Nadal sur place et le public interloqué. Les jeux défilent, le destin se scelle, jusqu’à 7-5, 6-3, 5-1 0-40. 3 balles de match pour Djokovic sur le service de Nadal qui fait une double de faute. C’est fini, jeu set et match Djokovic 7-5, 6-3, 6-1.

Le public acclame celui qui a réussi un exploit inédit : dominer Rafael Nadal sur tout un match pour décrocher une victoire plus que méritée : Novak Djokovic. Le public acclame celui qui sort la tête basse, mais le bras levé, après tant d’années d’une domination sans relâche sur Roland Garros : Rafaël Nadal. La fin du tournoi va s’écrire sans lui, un nouveau nom sera gravé sur la coupe des Mousquetaires, reste à savoir lequel…