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Hôtesse à Roland Garros : job de rêve ou dure réalité ?

Comme beaucoup de monde, j’ai lu l’article de rue89 : « Hôtesse à Roland Garros : abus social, épuisement, insolation ». Cet article, basé sur le témoignage d’une hôtesse Roland Garros (vous savez une des filles en robe beige qui contrôlent votre billet aux entrées des courts principaux), m’a pas mal interpellée parce que mon expérience personnelle en tant qu’hôtesse Roland Garros est un très bon souvenir. C’est pourquoi j’ai décidé de faire, sinon une contre-enquête, du moins un petit croisement d’avis.

Il faut savoir que les postes à pourvoir pendant Roland Garros sont divers et variés et sont gérés par différentes agences d’hôtesses d’accueil et événementiel. D’ailleurs celle qui gère les placeuses tribunes a changé depuis « mon époque », c’était Maristel’o, c’est maintenant Charlestown. Quant à l’agence Mahola, elle gère différents postes d’accueil notamment à l’entrée du stade et à l’entrée des courts. Il y a aussi toutes sortes de postes gérés par encore d’autres agences :  les hôtesses qui accueillent les clients des marques partenaires (celles qui ont des loges), les hôtesses VIP, celles de la tribune présidentielle…

J’ai interrogé des hôtesses inscrites chez Mahola (comme l’article de rue89) qui s’occupent de l’accueil des courts ou du stade (et vérification des billets ), une chef hôtesse Mahola, et des hôtesses de Charlestown qui placent le public dans les tribunes des courts principaux. Nous verrons que les conditions de travail ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Hôtesse Roland Garros : un travail fatigant :

Sur tous les postes d’hôtesses Roland Garros, il faut être souriante, et aimable toute la journée. Sur tous les postes d’hôtesses Roland Garros il faut être debout toute la journée, plusieurs heures d’affilée, qu’il pleuve ou qu’il fasse grand soleil. Sur tous les postes d’hôtesse Roland Garros, il faut gérer les gens, et exécuter sa mission à la lettre :

« Il faut savoir être intransigeant, ne pas laisser entrer ceux qui ne le peuvent pas (même si ils nous soudoient avec une belle liasse de billets ou si les enfants ont des regards qui nous prient d’un air tellement insistant que ça nous fait presque pleurer). Des hôtes se sont déjà fait renvoyer pour avoir fait entrer sur un stade des gens qui ne le pouvaient pas. »

Pour pallier les conditions climatiques parfois difficiles, les chefs-hôtesses sont normalement vigilantes pour les filles qu’elles gèrent :

« De plus on passe à longueur de journée avec de l’eau et de la crème solaire quand il fait chaud! »

Sur les horaires, toutes ne sont pas à la même enseigne : les placeuses de Charlestown font 35 heures par semaine :

« Nous travaillons au maximum 35h par semaine, autrement dit pas plus de 4 jours dans la semaine. Nous disposons donc de beaucoup de repos mais personellement je le vis comme un handicap car nous gagnons beaucoup moins d’argent que les autres hôtes et hôtesse (500 euros environ). »

Les filles de Mahola travaillent plus pour gagner plus, comme me l’a expliqué une chef-hôtesse :

« Dans l’ensemble les hôtes et hôtesses font du 10h/20h ou du 11h/21h. Ils ont tous une heure de pause déjeuner et au moins 30 min de pause l’après-midi pour rattraper la fameuse demi heure « de courtoisie » du matin! Si certains font plus de 6h d’affilée l’aprem on leur redonne 20 min! Évidemment les premiers jours certaines team avec des courts ou des accès très chargés ont eu du mal a donner cette demi heure en une fois, donc l’ont données en 2 ou 3 fois ou alors l’ont rajoutée en heure supplémentaire! On essaie toujours de payer nos hôtesses au réel des horaires qu’elles font en essayant au maximum de respecter les demandes et restrictions de la FFT… »

En revanche, ce qui est appelé la « demi heure de courtoisie » chez Mahola (évoquée juste au-dessus), est un peu étrange et plutôt mal perçue :

« Nous devons arriver à 9h (bien que nous ne soyons rémunérés qu’a partir de 10h) le temps de nous préparer, faire la queue aux vestiaires pour récupérer nos tenues, nous habiller, coiffer, maquiller, que nous nous placions a nos postes et écoutions le débriefing des chef-hôtes. »

Mon avis est que comme partout, il peut y avoir des chefs d’équipe à la limite de l’abus, comme ce doit être le cas pour l’article de rue89, (et dans ce cas, bien sûr il ne faut pas laisser passer) mais je pense que  c’est très loin d’être une généralité ! Le concept de la demi-heure de « courtoisie » est sûrement à revoir, mais pour le reste, ce sont, à mon avis, ni plus ni moins que les conditions de travail classiques d’un job étudiant en événementiel ! Et les agences insistent d’ailleurs sur ce point au moment du recrutement et des différents briefs : elles préviennent généralement les hôtesses qu’elles recrutent que la mission pourra être fatigante. Sauf que c’est à Roland Garros, et toujours à mon humble avis, c’est plus agréable que le salon de la moto !

Hôtesse Roland Garros : Les joies de l’uniforme :

Globalement, le port de l’uniforme n’est pas une partie de plaisir :

« Ce sont des robes beiges, qui auraient surement été très mode il y a 40ans, des robes de « mémés » trop légères pour les jours ou il fait froid mais trop couvertes pour les jours ensoleillés. Avec ceci nous sommes (filles et garcons) obligés d’ACHETER des chaussures en plastique à 12€ qui font tres mal aux pieds »

« Nous sommes habillées avec la collection Adidas pour Roland Garros : survêtement pantalon-veste violet (très très moche cette année, aucune classe, vrai jogging de plouc), baskets, poignets, casquette blanche. D’après ce que je sais, on nous donnerait uniquement la casquette, les poignets et les chaussettes à l’issue de la mission. Nous avons du laisser un chèque de 90 euros de caution pour cette tenue. »

Les premières ont droit à une parka quand il fait froid, les autres peuvent être en t-shirt quand il fait chaud.

Les premières sont obligées de mettre des collants chair (avec leur robe beige), les autres sont parfois en plein courant d’air, en veste légère.

Aucune n’ont droit aux lunettes de soleil ou à la capuche.

Généralement, on n’a pas le droit de téléphoner, fumer, manger, s’assoir, discuter avec des copines, regarder des matchs en uniforme.

Sur ce point, mon avis est que certes, ce n’est pas toujours facile d’être habillée toute la journée d’une tenue qui ne nous plait pas ou ne nous correspond pas. Ce n’est pas non plus toujours adapté aux conditions climatiques. Il n’y a plus qu’à « faire avec ». Par exemple, mardi, où il faisait très froid avec du vent, j’ai vu de nombreuses placeuses avec un pull sous leur veste d’uniforme et une écharpe pour tenter d’échapper au courant d’air, et je pense qu’on ne peut pas le leur reprocher.

Hôtesse Roland Garros : une bonne ambiance globale

Si la fatigue, les jambes endolories, les journées difficiles, le vent et le soleil peuvent rendre la mission d’hôtesse Roland Garros un peu difficile, la plupart n’oublie pas que cela ne dure que 15 jours, que c’est tout de même l’occasion d’être aux premières loges du tournoi, et que c’est l’occasion de faire des rencontres sympathiques :

Chez Mahola côté hôtesse : « Il y a tout de même des avantages puisque nous sommes si nombreux à participer. Tout d’abord ça ne dure pas longtemps ce qui fait mieux passer ces rudes conditions de travail, le grand nombre d’heures que nous effectuons nous permet d’être plutôt bien rémunérés pour une période aussi courte, et nous sommes quasiment qu’entre étudiants (venus de toute la France pour être hôtes(sses) à RG!!!), la plupart sont en école de commerce, nous rencontrons donc plein de monde et nous changeons pas mal les idées par rapport à ce que nous faisons au cours de l’année. »

Chez Mahola côté chef-hôtesse : « Dans la plupart des teams il règne une très bonne ambiance, très amicale entre hôtes, hôtesses et encadrement malgré la fatigue et la chaleur! Pour preuve beaucoup de nos hôtes de cette année, travaillaient déjà avec nous à RG l’année dernière! »

Chez Charlestown : « Globalement, ça fait mal aux pieds, c’est fatiguant, mais ça nous fait un peu d’argent et si on a la chance d’être bien placé, on fait quand même partie des privilégiés qui peuvent voir les matchs autrement que sur écran géant et profiter de l’ambiance… »

Conclusion : entre job de rêve et dure réalité

Pour conclure, je dirais que le job d’hôtesse Roland Garros peut effectivement être fatigant, difficile, éprouvant et pire encore si vous tombez sur les mauvaises personnes. Mais je pense que dans une grande majorité des cas, les agences et la FFT  font leur maximum pour que cela se passe bien.

Le fait qu’autant d’agences différentes gèrent autant de postes différents cause inégalités et jalousies : tout le monde n’a pas forcément un crédit déjeuner par exemple, les horaires (et donc les salaires) et les tenues différent.

Je pense aussi, et d’après mon expérience personnelle, que ça se passe beaucoup mieux quand on s’intéresse au tennis : être sur place pendant toute la quinzaine, ne rater aucun score, aucun résultat, avoir la chance, dans certains cas, de voir de nombreux matchs, avoir la possibilité de croiser des joueurs, la soirée Head, l’ambiance particulière du tournoi, tout ça fait pencher la balance du côté du job de rêve. Mais je comprends que, quand on ne s’intéresse pas plus que ça au tennis, ce job a tous les aspects de la dure réalité du travail en événementiel !

Et pour finir, il faut que je suggère aux plus hautes instances que ce serait tout de même bien que les hôtesses portent des baskets en liberty et des headbands dans les cheveux :)

(et comme je ne savais pas quoi mettre comme image, j’ai mis Nadal derrière son grillage, car avoir l’occasion de croiser Rafa est le meilleur avantage en nature de ce job)

Marie

rédactrice web freelance, j'écris depuis quinze ans sur mon blog Graine de Sportive, et j'ai collaboré avec plusieurs médias. Contactez-moi pour me confier vos besoins sports et loisirs !

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