L’amateur de sport français, qu’il soit passionné ou juste un peu intéressé, aime en revanche beaucoup se moquer. Ah s’il y avait une médaille d’or de la bonne vannes sur les sportifs français, la France serait sans doute le meilleur pays du monde. C’est si facile de se moquer des sportifs français, caché derrière son petit client Twitter. Jeu de mots vaseux (ou pas), moquerie sur résultats, le twitteur français (puisque le mot fait son entrée dans le dico), aime beaucoup tourner en ridicule son équipe sportive. Le sportif français à les jambes, le twitteur français à la tête et de l’esprit, ou du moins il en persuadé.
Les Bleus, tous sports confondus, ne sont pas peut-être pas toujours au niveau où on les attend, ou à celui qu’on aimerait qu’ils atteignent. Parfois ils moquent un peu de nous, on se moque un peu d’eux, tout le monde est gagnant. Parfois ils le disent eux-mêmes : « un Français ne pas gagner Roland Garros », mais si à coups de vannes désabusés, on ne contribuait pas aussi à les renvoyer au vestiaire un peu plus tôt que prévu.
Qui osait affirmer que Tsonga irait en quart de finale de Roland Garros et serait à quatre doigts de battre Novak Djokovic ? Qui osait se prononcer sur la finale des rugbymen en coupe du monde 2011, qui avait annoncé la finale de l’Equipe de France de Football à la coupe du monde 2006 ? Qui s’était intéressé au destin de l’Equipe de France de Football féminin avant leur demi finale en coupe du monde 2011. Pas grand monde. En revanche, qui ne s’était pas gaussé des sportifs et sportives sus-nommés ?
Je n’en peux plus de ce concours de bonnes vannes sportives sur les réseaux sociaux, de cette course au RT, de cette compétition du sarcasme, de cette surenchère de moqueries. Comme en sport, ceux qui atteignent le haut niveau sont plutôt rares. Heureusement il y en a, qui ont l’esprit vif et agile, qui trouvent les mots drôles, sarcastiques, ou ironiques, juste ce qu’il faut. Les autres, par pitié, abstenez-vous. Les blagues Kinder Bueno sur Tsonga ? déjà vues. Les allusions économiques avec la « zone euro » ? surfait. Les cris dans le stade « Le changement c’est maintenant » ? il faut arrêter maintenant. Les rappels de Zahia, du bus, des formules Anelka ? dépassés. Les jeux de mots sur les noms des joueurs ? sur leur coupe de cheveux ? Trop facile. C’est aussi bien plus simple de critiquer en une phrase lapidaire que de se livrer à une véritable analyse sportive.
Tout ceci est particulièrement vrai en foot et notamment depuis le début de l’Euro. Bien sûr les Bleus, à part un match satisfaisant contre l’Ukraine, n’ont pas été vraiment brillants et surtout pendant cette défaite contre la Suède 2-0, souvent qualifiée de « ridicule » ou de « pathétique ». Certes les joueurs méritent parfois la critique, la dérision, le désaveu.
Et si, pour une fois, avant ce France-Espagne auquel pas grand monde ne croit, on se préparait à passer peut-être un bon moment de sport au lieu de commencer à chercher la bonne blague qui fera rire la galerie. Si on essayait de compter sur les Bleus pour nous donner le sourire plutot que de compter les 140 caractères du twitt qui vous apportera une minute de gloire ? Si on essayait de croire un peu en un beau match, en une victoire, entre du joli foot et du beau sport ?