Parfois l’incroyable se produit, Rafael Nadal perd un match sur terre battue, un match qu’on s’attendait tellement à ce qu’il gagne qu’on l’avait presque déjà écrit noir sur blanc. Bien sûr, il lui est arrivé de perdre, en finale de masters 1000 contre un Federer ou un Djokovic avides de prendre leurs marques sur la terre battue avant Roland Garros, quelle meilleure préparation mentale que de battre le meilleur joueur de tout les temps à l’aube du tournoi parisien ?
Et puis, il y a ces moments presque déconnectés de la réalité, ces défaites surprises qui ressemblent presque à un mauvais rêve. Il y a eu Soderling à Roland Garros 2009. Je me souviens très bien de cette journée car elle a été mouvementée chez moi, pour d’autres raisons. La chaleur d’un dimanche de pentecôte, l’excitation d’une fin de première semaine de tournoi, le rose fluo de la tenue de Nadal, et ce gouffre abyssal d’un Soderling survolté. Nadal qui perd sur terre battue c’est toujours une révolution.
Et la révolution justement, le joueur espagnol est bien décidé à en être un des porte-drapeau contre le tournoi de Madrid et sa terre battue bleue. Déjà ocre, la terre battue de Madrid était un peu décriée par les joueurs et notamment… un certain Nadal. En bleue, c’est, parait-il une véritable patinoire, et les meilleurs joueurs du circuit voient rouge. La défaite de Nadal face à Verdasco, au troisième tour du tournoi de Madrid, n’a rien à voir avec celle de Roland Garros 2009 : autre joueur (Nadal avait presque toujours battu Verdasco), mais surtout autre terrain. Hier, Nadal a perdu face à son compatriote Verdasco 6-3, 3-6, 7-5 sur la terre battue bleue de madrid.
Rafa est fair, il a expliqué que sa défaite n’était pas due à la surface terre battue bleue mais à sa difficulté à s’y adapter, ce qui revient presque au même finalement. Nadal n’est pas un bleu, gagner un match sur terre face à un Verdasco qu’il connait bien, il l’a déjà fait. Sortir du match comme il l’ a fait hier, est beaucoup plus rare. Une défaite sur terre pour lui ? Pas vraiment. Décidé à faire attention à ne pas se blesser (comme on le comprend), toujours fâché contre la décision bleue, Nadal a joué, Nadal s’est battu, mais Nadal a été vaincu. Une très bonne manière aussi de se faire entendre. Si Nadal avait gagné Madrid sans se blesser, Madrid aurait gagné. Nadal qui perd, c’est l’organisation qui rie jaune.
Quel plus grand échec pour l’organisation du tournoi que l’un de ses favoris, qui plus est à domicile, en soit éjecté dés le troisième tour et déclare en conférence de presse de pas forcément vouloir y revenir l’année prochaine, ce qui allégerait un planning pré Internationaux de France bien chargé ? Et si cette défaite de Nadal sonnait comme une victoire des joueurs protestataires à la terre battue bleue ?
Mais ne vendons pas la peau de l’ours bleu avant de l’avoir tué, car des joueurs favoris, le tournoi de Madrid en compte encore beaucoup : Djokovic et Federer en tête. Si l’un des deux l’emporte, à deux semaines de Roland Garros, il aura dans sa poche une petite balle un peu bleutée et une confiance accrue avant Paris.
Et si Madrid était le petit grain bleu qui venait enrayer la machine ?
Mais la semaine prochaine est une autre semaine, avec Rome. Nadal y retrouvera sa chère terre battue, en attendant le rouge de sa tenue Roland Garros.