On se souviendra tous de où on était ce 13 novembre. Moi j’étais à Limoges avec @tennisauféminin. Si loin et si près à la fois.
Cette journée de RTT avait commencé bien tôt à la gare d’Austerlitz. Salut Paris, on part à la campagne pour trois jours avec Victoire et Coralie, mon trio de choc pour le weekend. Au programme matchs de tennis, live-tweet, et animations sur le stand Engie à base de quizz sur le tennis féminin, de parties endiablées de Tennino (c’est un tout petit tennis), de chill sur les pouf balles de tennis et de bonne humeur. En arrivant au Palais des Sports de Beaublanc, on a passé 45 minutes à monter la table de tennis en carton (niveau Bac + 5 Ikéa), ensuite on a mangé des frites et on a été voir les matchs.
Il est 20h et quelques quand Caroline Garcia gagne son quart de finale et nous écumons les guides touristiques pour trouver un resto limousin. On finit toutes les trois autour d’un tartare de boeuf au parmesan (avec des frites évidemment) et d’une bouteille de vin. On parle de sport, de tennis, de social media, de nos boulots, de la vie quotidenne. Et puis, la bouteille étant finie et la journée un peu longue, on commande un taxi.
En attendant le taxi, on rit du peu d’animation dans la rue, il est un peu plus de 21h30. Dans le taxi, on parle du match de foot. Je demande au chauffeur :
« Au fait, il y a combien au match ?
Le chauffeur : – 1/0 !
moi : – Ah qui a marqué ?
Le chauffeur – Giroud
– {soupir collectif à l’arrière de la voiture} aaaah Giroud
Le chauffeur – « ah oui vous les filles quand c’est Giroud tout de suite vous aimez le foot !
– moi en mode footista « ah non c’est pas vrai, parce que... »
C’est à ce moment là que nous commençons à recevoir des messages faisant état de coups de feu à Paris. Au début, on ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe et on rejoint nos chambres pour ce qu’on pensait être une nuit de sommeil. J’allume la télé, je tombe sur le match de foot. Une petite voix dans ma tête me dit que si le foot est toujours là tout ne va pas si mal. Je cherche BFM, no signal. Je reviens sur le match de foot. J’ouvre twitter, je scrolle, je comprends petit à petit. J’envoie un sms à ma maman « c’est quoi cette histoire de fusillade à Paris ?! », j’en sais déjà beaucoup plus qu’elle, mais je voudrais qu’elle me réponde « c’est rien, c’est un cauchemar rendors-toi » avec un smiley comme elle sait si bien les faire, mais elle ne me répond pas ça. Le match de foot est toujours en fond, je serais bien incapable de vous dire qui a marqué le 2ème but de l’Equipe de France. J’assiste au câlin collectif des Bleus comme célébration, eux ne savent rien, et moi je me sens bien seule.
La suite de la soirée n’est que messages envoyés de Limoges à Paris et back, de FB messenger, de sms, de « tu es où ? » et d’émoji bisous. Nous nous sommes rassemblées dans la même chambre, et nous partageons chargeurs d’Iphone, informations et tisane ironiquement dénommée « nuit calme ». Il est presque 3h quand je sombre dans un sommeil blackout complet.
Le jour d’après, et celui d’encore après le tennis est devenu bien dérisoire. Après quelques hésitations, le tournoi est maintenu mais nous n’avons plus le cœur à twitter des scores, à la place on envoie des cœurs aux gens qu’on aime bien. Un Iphone toujours à portée de main, on regarde d’un œil distrait les matchs qui se déroulent sous nos yeux, on fait jouer des enfants au Tennino, on fait des sourires en carton aux gens qui nous demandent des goodies. Quand on n’est pas au stade, on est sous la couette ou sur notre terrasse coupée du monde.
Caroline Garcia, dernière française engagée dans l’Open de Limoges, est visiblement très émue. En larmes après sa demi-finale samedi, elle aura quelques mots touchants dimanche, après sa finale remportée largement face à l’américaine Louisa Chirico 6/1 6/3. « Je suis fière d’être française ».
Gagner l’open de Limoges permet à Caroline Garcia d’empocher le deuxième titre de sa carrière et de bien terminer sa saison. « 2016 ? mais on s’en fout de 2016 ! laissez-moi profiter ! ». Pour elle, l’heure est au repos après une saison bien chargée. Pour nous il est temps de rentrer à Paris.