Dire que Nadal a peur de Djokovic serait mal connaître le personnage, mais on est en droit de se demander si après 7 défaites d’affilée face au numéro un mondial, une petite disète de titres et un début de tournoi de Monte Carlo un peu moins retentissant que d’habitude ne porte pas un petit coup au moral. Certes Nadal est un torrero, prêt à se battre pour le moindre point, à aller chercher chaque balle, mais c’est aussi un jeune homme de 25 ans de qui on attend beaucoup et qui a besoin de se rassurer à l’entame de SA saison sur terre battue.

Dire que Novak Djokovic se laisse aller à montrer ses émotions serait mal connaître le personnage. Depuis qu’il ne fait plus le pitre sur le court, Novak est devenu un roc de mental et de solidité, ce qui fait en partie sa force de numéro un mondial. Mais c’est aussi un jeune homme de 24 ans qui vient d’apprendre le décès de son grand-père duquel il était très proche. Parfois il doit sembler bien dérisoire de taper dans une petite balle jaune, même quand on est numéro un mondial et qu’on a su puiser dans ses réserves de concentration les matchs précédents. Sa tête était ailleurs, ses balles hors du cours. C’était peut-être trop dur pour Nole aujourd’hui.

Ces rafales d’émotions combinées aux conditions climatiques assez agitées sont peut-être la raison d’une finale du Masters de Monte Carlo si différente, presque décevante, pauvre en suspense, mais chargée en tension. Nadal avait besoin de gagner, plus bondissant que jamais, concentré et motivé. Son sourire ravi et soulagé en disait long quand il a soulevé pour la huitième année consécutive, le trophée du Rolex Monte Carlo Masters. Djokovic avait besoin de s’évader, plus tourmenté que jamais, peu concentré, peu loquace, peu percutant. On dirait presque qu’il avait hâte que ce soit fini, pour mieux recommencer ailleurs.

L’étreinte des deux champions, après à peine une heure dix-huit d’un match plié 6/3 6/1 par Rafael Nadal a été brève, chaleureuse, émouvante.

Monte Carlo ne nous aura pas appris grand chose, la finale-test tant attendue Djokovic / Nadal n’a finalement quasiment pas eu lieu, et le suspense reste donc entier pour les tournois sur terre battue qui vont s’enchaîner jusqu’à Roland Garros. Rafael sera là, Novak aussi, et Roger, David, Andy, Jo, Thomas…

Emotions garanties au rendez-vous.