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London Marathon : le CR english recipe

Comme vous en avez peut-être marre des compte-rendus kilomètre par kilomètre, je me suis dit que j’allais plutôt vous donner ma recette pour ce marathon de Londres. Le marathon, comme la cuisine, ça demande beaucoup de préparation, de bons ingrédients, une pincée de créativité, et quelques imprévus (la température). Convaincue que je cours mieux quand je peux me livrer à quelques petites variations d’allures plutôt que 42 bornes à allures constante, j’avais choisi pour Londres de réaliser un quatre / quart :

 

London Marathon : Quatre-Quart à l’anglaise

J’ai divisé ma course en 4 blocs sur Garmin, avec des tranches d’allures à respecter entre 4’50 et 5 au kilo, pour une moyenne générale de course un poil en dessous de 3h30.

km 1-8 : de la farine

Objectif bien partir mais surtout pas trop vite. De la farine pour donner une bonne consistance à mon gâteau. Et ça s’est super bien passé, l’ambiance au départ était super (God Save The Queen), j’ai ralenti dés que ma montre a bipé « trop rapide » et je passe le 5km, puis le 10km pile poil au gramme près dans ce que j’avais prévu. Un peu difficile à mélanger avec la foule tout de même.

Km 8-21, 1 : des oeufs

Objectif garder le cap, mais ne toujours pas s’enflammer. Des oeufs pour que ça commence à se tenir un peu. Là aussi ça passe bien, je suis régulière à ma façon : je garde la moyenne. Le passage sur le Tower Bridge avec les supporters est canon, j’accélère, un peu aussi parce que j’ai hâte de terminer ce bloc et que je sens que je commence à me laisser aller dans un faux rythme dés que je me déconcentre un peu. J’ai peut-être laissé une petite coquille à ce moment là.

km 21,1-30 : du beurre

Mission continuer et voir si on peut grappiller quelques secondes : exit le frein à main mais de la régularité : du beurre pour donner un peu de liant. Là je commence à sentir que mon beurre est un peu trop fondu, j’ai du mal à obtenir une bonne pâte et je commence à perdre un peu de temps, et surtout d’énergie. Je suis dans la feuille de route au 30 mais tout dans mon corps et dans ma tête me dit que la suite va être difficile.

Au début de la ligne droite qu’on emprunte dans un sens puis dans l’autre, je croise les élites : la moto, les premiers, re-la moto, Mo Farah. Les gens s’arrêtent presque pour aller sur le côté l’encourager. Tout le monde crie et applaudit. C’est aussi ça la magie de la course à pied : courir en même temps que les meilleurs même s’ils sont loin devant vous.

km 30-42,195 : du sucre

Un seul but : la ligne d’arrivée de n’importe quelle manière. Du sucre pour donner du goût, mais j’ai du en mettre un peu trop. Trop d’eau aussi alors que c’était pas prévu dans la recette. A boire à tous les ravitos, je sens la nausée assez proche et les hauts-le-coeur saveur gel fruits rouges gâtent un peu le goût de l’ensemble. Je ne sais plus vraiment quoi faire pour trouver l’équilibre entre maintenir ma glycémie et mon hydratation assez hautes pour tenir jusqu’à la fin et ne pas vomir. Je continue à boire de l’eau comme une morte de soif pour faire passer tout ça.

C’est pire à chaque ravito et à chaque kilomètre. J’ai aussi du mal à maîtriser ma cuisson : j’ai chaud, mais j’ai froid aussi, je commence à avoir des frissons et la bourrasque du 37e en pleine face me fait redescendre comme un soufflé. Le moral prend aussi un coup car je double beaucoup de monde en assistance Marshals. C’est le pompon quand la flamme 3h30 me dépasse tranquillement.

Au 39, je me dis que je vais tout jeter et recommencer un autre gâteau un autre jour. M’assoir par terre, enlever mes chaussures et attendre qu’on vienne me chercher. Mais je n’ai pas fait tout ça pour m’arrêter ici. Au 40, je fais un vrai stop au ravito le temps de me recentrer. Je prends de l’eau, un dernier gel et re-de l’eau (foutue pour foutue). Je remets ma playlist qui s’était arrêtée au moment où mon moral m’a lâchée, et roule ma poule, je décide de récupérer ce qui est encore récupérable, et je repars vers la ligne d’arrivée.

Arrivée : une pincée de sel

Du coup ça va un peu mieux, je serre les dents, je passe la ligne et je me mets à pleurer. Toujours mettre une pincée de sel dans les gâteaux.

Temps final 3:37:25 : un (mini) RP quand même, c’est toujours ça de sauvé ! sur le coup je suis très déçue mais une fois digéré, il me reste pas mal de fierté d’être allée malgré tout jusqu’ au bout !

English topping

Un bête quart/quart, en plus d’être un peu bourratif, c’est un peu trop fade. Rajoutez-y des toppings à l’anglaise pour enjailler tout ça. Les londoniens sont incroyables ! Une ambiance de folie sur TOUT le parcours. Des gens qui crient, qui font pouet-pouet, avec des pancartes et même des pancartes « Go, random stranger ! » j’ai trouvé ça génial. Des enfants qui tendent la main pour des high five, des distributions d’orange, de bananes, de bonbons, de mister freeze (!) (j’ai failli en prendre un).

La course était superbement organisée. Les transports gratuits. Les gens qui ne poussent pas tout le monde pour rentrer coûte que coûte dans un wagon plein. Et même après la course. Les promeneurs vous arrêtent pour vous dire « Well done » ou « Congratulations » dans la rue. Une femme enceinte m’a proposé sa place assise (que quelqu’un lui a donnée à la seconde où elle est entrée dans la rame) dans le métro. Bref, on me l’avait dit, ce London Marathon a vraiment une ambiance magnifique.

Commis d’office

Pour une recette un peu compliquée, c’est toujours bien si on peut se faire aider. Si je suis un très bon commis de cuisine, j’avoue que j’aurais sans doute eu bien besoin d’un lièvre sur cette course. 42 kilomètres tout seul avec soi-même bien qu’au milieu de la foule, c’est long ! Un peu d’aide au ravito m’aurait fait du bien , un peu de relance pour ne pas perdre le rythme aussi. Mais il faut aussi apprendre à s’en sortir tout seul ! Et mon lièvre préféré était loin devant en train de réaliser un parfait au chocolat : un chrono incroyable de 2h41. Comme ça, ça nous fait deux desserts, c’est encore mieux !

 

La prochaine fois, je ferai un banana bread,  ce sera plus digeste. Je ne sais pas encore où, ni quand, mais ça m’a donné très envie de recommencer en mieux !

 

Marie

rédactrice web freelance, j'écris depuis quinze ans sur mon blog Graine de Sportive, et j'ai collaboré avec plusieurs médias. Contactez-moi pour me confier vos besoins sports et loisirs !

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