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Le semi de Paris 2022

Le temps c’est relatif : vous râlez quand le quai du métro vous annonce 8 minutes d’attente mais vous pouvez vous rendormir pendant les 9min du snooze de votre réveil. Vous savourez 15 secondes gagnées sur votre record personnel mais vous agonisez sur un 15×1/1. En chrono, comme dans la vie, il faut donc re-la-ti-vi-ser. Ou peut-être tout simplement ne même pas regarder ce que font les autres, ou combien vous faisiez « avant ».

Parmi les très nombreux coureurs qu’on suit sur Instagram et sur Strava, il y a en ce moment (depuis le déconfinement ?) des chiffres affolants : des séances de malade, des chronos de pro sur les courses, des records à la pelle, et des progrès fulgurants. Parfois à se demander si tout le monde a 24h dans ses journées. (Moi j’ai déjà besoin d’en passer 8 ou 10 à dormir). Le risque est bien sûr de se comparer, et, forcément de se trouver « nul ». Tips pour rebooster votre égo : parlez de votre pratique du sport, de vos projets de course et même pourquoi pas de vos chrono, à un entourage qui court moins ou peu. Eux vont vous considérer soit comme un psychopathe (de quoi tu cours 4 fois par semaine ?), soit comme un héros (moi je termine pas un 10km..). Vous voyez, tout est relatif.

Mais le danger ce n’est pas toujours les autres, ça peut être aussi vous-même : la comparaison avec votre vous d’avant une pause, une blessure, des vacances, d’autres projets que la course (oui ça arrive). Il faut accepter que les choses ont changé, que les fleurs ont fané, que les temps d´’avant c’´était le temps d´’avant.

C’est un peu dans cet esprit que je me suis inscrite au semi de Paris 2022 : ne pas se mettre la pression, aimer encore courir, profiter de Paris, des amis, de l’after. Toujours plus facile quand on s’inscrit 2 semaines avant la course et qu’on se dit « c’est pas l’objectif principal ». Tout est relatif.

Dimanche 6 mars à Bastille, il fait 2° mais la team VMeufs a sorti l’uniforme short rouge, débardeur de club. Je laisse partir mes fusées dans leur sas et j’attends dans le mien le moment du départ. ça me semble long mais surtout parce qu’il fait très froid.

8h22, départ de la course. une fois n’est pas coutume, je pars tranquille, mais je ne vois pas ma montre cachée sous mon manchon. J’ai l’impression de me trainer, je claque des dents, j’ai mal au ventre et pendant 7 kilomètres je me dis « ça va être long »… Et oui, moins on court vite, plus la course est longue… Au 10e en réinitialisant ma montre comme je le fais toujours tous les 5km (les vieilles habitudes reviennent bien finalement), je me rends compte que je suis à l’allure de mon meilleur marathon. Et ça suffit à me faire accélérer un peu. ça tombe bien, ça descend.

J’ai bien aimé ce parcours 2022 du semi de paris : il y a des morceaux de l’ancien ancien parcours, des bouts du marathon, des montées, des descentes, du public, de l’ambiance. Enfin j’ai aimé jusqu’aux difficultés et montées du retour dans Paris avec une côte une sortie de tunnel et un faux-plat d’affilée. Mais entre les deux j’ai bien repris de la vitesse, j’ai même fait quelques kilomètres à mon allure meilleur semi, retrouvé des sensations agréables, été fière de moi, exactement ce que je venais chercher.

A un moment j’ai même dépassé une flamme 1h35 et son petit groupe de coureurs. Le meneur d’allure ne cesse de leur dire « Allez les p’tits gars », ça m’énerve donc je les double. Le public leur dit « allez c’est large pour 1h35 là ». Sauf qu’ils ne savent pas quand ils ont franchi la ligne de départ, tout est relatif les gars. Moi je sais que je serai bien pour l’objectif fictif de 1h40 que j’avais en tête et ça me va.

Rue de Rivoli, on voit la Colonne de Juillet au loin, sous un beau soleil pré-printanier. J’accuse un peu le coup sur les derniers kilomètres mais je tiens bon. Place de la Bastille, on fait tout le tour avant la ligne d’arrivée et j’entends le coach crier « Allez Mariiie jusqu’au bout !! » Grimace, mini-sprint et hop c’est bon. Je regarde l’horloge il est 10h pile, chrono 1h37, une matinée bien rentabilisée !

Les copines ont fait des super temps, quasi toutes des RP. ça pourrait attaquer un peu le moral quand on est à +4min du sien, mais si on ne sait pas se réjouir pour ses amis et chanter les louanges de ses partenaires d’entrainement, autant tout arrêter…

Mais l’after c’est fait pour ça !

Se satisfaire des petites victoires (une victoire n’est pas forcément un RP, c’est pour ça que je n’apprécie pas les top/flop de communautés de coureurs) et se préparer pour conquérir les suivantes, c’est l’objectif pour le semi de Berlin qui arrive très vite le 3 avril. J’avoue que mes dernières séances, allures et sensations m’ont un peu attaquée moralement, mais en y allant un pas après l’autre, ça devrait aller !

Marie

rédactrice web freelance, j'écris depuis quinze ans sur mon blog Graine de Sportive, et j'ai collaboré avec plusieurs médias. Contactez-moi pour me confier vos besoins sports et loisirs !

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