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Marathon de Paris, le compte est bon !

J’ai toujours été assez mauvaise en calcul mental, mais avec un peu d’entraînement, tout est possible ! J’ai révisé mes tables en comptant les tours de piste, et appris à additionner et multiplier les heures, minutes, secondes. Je sais compter jusque 42,195 et j’ai mis tout ça à profit dimanche, pour taper 3 heures, 17 minutes et 32 secondes au marathon de Paris. Je vous parlerai plus tard des 36 clés de ma préparation, de tout ce qui a contribué à réussir cette course, mais aujourd’hui, j’avais envie de faire un CR de course, même si vous en lirez 25 000 puisque nous sommes 48 052 finishers. Sortez les calculettes et les lunettes, on va parler chiffres !

10, 21, 42

Après Londres et mon 3’37’25 (je visais plutôt 3h30), j’ai décidé de ne pas me lancer sur un autre marathon en 2018 (j’ai été tentée de m’inscrire à Valence), mais de travailler ma vitesse d’abord sur 10km, puis sur semi, avant de revenir sur marathon. Assez logiquement, j’ai calculé qu’en augmentant mon allure 10km, j’allais pouvoir ensuite faire monter celle du semi, puis celle du 42.

J’ai rejoint VMA en octobre et après des préparations spécifiques, j’ai réussi à battre mon record sur 10km (42’06 à Valence) et sur semi (1″33″44 à Tel Aviv). On y était : mon allure théorique sur marathon avait bien augmenté.

3×5000 = 37 tours et demi

Pendant la prépa marathon, j’ai bouffé de la piste. Mais j’ai aussi appris à compter plutôt qu’à me fier à l’allure moyenne de la montre. « Tu me fais le 400 en 1min50 et tu ajoutes 1min50 à chaque tour« . (on a arrondi pour que ce soit plus facile). Au début j’écrivais des antisèches, puis j’ai réussi à compter, et à la fin j’ai même réussi sans regarder la montre.

8h40 : départ

racepack marathon de paris

« Je pars à 8h40, donc il faut que j’aie fini de manger à 5h40. Donc je me lève à 5h20, je petit-déjeune, je me recouche, je me relève à 6h40, je pars à 7h, j’ai 28 min de trajet, je vais à la consigne, et hop dans le sas« . Si j’étais dans les temps et le métro aussi, le départ par contre c’était une autre histoire.

Arrivée tôt dans le sas 3h30, j’ai ainsi réussi mes deux objectifs : aller aux toilettes du sas sans trop faire la queue et me placer au tout début du sas, pour éviter de piétiner. (Les gens, pitié, inscrivez-vous dans un sas qui correspond à votre allure !).

A 8h35 j’ai balancé mon col roulé au recyclage, en pensant partir bientôt et j’ai sautillé sur place. Mais le sas de devant n’était toujours pas parti. Il fait 1° et on commence à s’impatienter, quand enfin on nous laisse avancer. J’ai à peine eu le temps de me dire « on y est » que j’étais devant la ligne. Hop, on appuie sur la montre et c’est parti. Boule d’émotion.

8×5+2(,195 mais on le compte pas)

Les premiers kilomètres d’un marathon passent toujours à une vitesse impressionnante (la relativité du temps : les derniers passent beaucoup moins vite). Je me retrouve à Concorde avec un km trop rapide dans les jambes. Hop je sors le frein à main et je commence ma rengaine : 42km, c’est 8 blocs de 5km.

J’ai donc écrit sur mon bras les temps de passage pour 3h19 et quelques (4’44). Et surtout SURTOUT, j’ai appris par coeur les 5km allure 4’42 : 4’42, 9’24, 14’06, 18’48, 23’30. J’ai passé l’intégralité de la course à les répéter dans ma tête et à les vérifier à chaque kilomètre. Parfois un peu en avance, parfois un peu en retard mais toujours réajustés. Un backlap sur la montre à chaque arche de 5km et on repart pour un nouveau bloc. Cette stratégie m’a beaucoup aidée mentalement.

Les 5-7 premiers kilomètres passent bien : Concorde, place Vendôme, Opéra, Bastille. Comme je suis partie à l’avant du sas, j’ai l’impression de faire la tête de la course, et surtout je ne suis pas du tout gênée par la foule. Je double quand même des gens qui s’étaient perdus dans le sas 3h15 mais je ne piétine, ni ne ralentis et ça c’est la vie !

7e-14e km : ça grimpe !

Je connais bien la partie Vincennes car je l’ai faite au semi et en reco. Je l’appréhendais un peu, mais finalement l’allure tient bien et je me sens assez bien. J’ai vu les premiers supporters crier mon nom et ça me motive encore plus. Je suis dans l’allure d’un groupe d’allemands qui parlent en courant et ils me suivent pendant plusieurs kilomètres. Mais j’ai du mal à faire du calcul mental ET LV1 allemand en même temps, alors au 14e, j’accélère et je les plante sur place.

14e-25e km : enflammage

En donnant un tout petit coup d’accélérateur, je sais que c’est un peu tôt dans la course pour raboter des secondes à chaque kilomètre, mais je le fais quand même. C’est ma petite vengeance du semi de Paris où je n’ai pas pu relancer dans la descente à cause des rafales de vent à 80km/h. Je vois l’allure moyenne clignoter  à 4’36 et je suis un peu plus en avance à chaque kilomètre de mon bloc de 5km, mais peu importe je pète la forme. Je passe le semi en 1″38″29 et je me dis que je suis tout de même beaucoup plus fraîche qu’au même stade de la course un an plus tôt à Londres. Mais à Londres il faisait 25° au départ, ce n’était pas la même histoire… J’ai enlevé mes chaussettes de bras achetées 6€ chez Décathlon la veille au 18e, et je peux du coup vérifier le temps de passage écrit sur mon bras. Je suis en avance évidemment, mais je sais que rien n’est jamais gagné. En fait je n’y pense même pas, je pense juste à valider mon 5km en 23min30.

J’attends le 23e km avec impatience car je sais que m’y attendent ma soeur et mon beau-frère. Je les guette, je les guette, j’ai peur de les avoir ratés quand soudain ils sont là dans le virage ! Ma soeur me dit « ça va ? t’es trop forte !« , je lève le pouce, et je continue vers le ravito qui est juste derrière. Il faut que je me concentre car je ne dois pas oublier de prendre un gel et de l’eau.

On descend sur les berges de Seine que je connais par coeur et hop, déjà le 25ème km où m’attend Yohan.

25e-32e km : 4 tunnels mais ça passe vite !

Yohan me récupère, et je lui dit « je suis un peu en avance là sur le dernier bloc. » Il répond « Tu crois que je t’ai pas vue avec ton kilomètre en 4’30 au semi ? » oups. Je lui explique ma stratégie des 5km et lui indique l’allure cible : 4’41, 4’42. Pour une fois, c’est moi qui connais les temps de passage, normal, ça fait 25km que je les répète dans ma tête.

On prend le tunnel des Tuileries et on enchaîne ensuite avec les quatre tunnels des quais. Je mets en place la routine « relâcher dans la descente + tirer sur les bras dans la montée + repartir« , et finalement ça passe assez vite ! Toujours plein de copains sur le bord de la route, ça envoie une energie folle ! Au Trocadéro, surprise, mes parents que j’attendais plutôt vers Auteuil ! J’ai à peine le temps de leur faire un signe, qu’il faut passer au ravito du 30e kilomètre. Je commence à ne pas du tout avoir envie de prendre un gel, mais je m’applique à bien le diluer avec l’eau dans ma bouche et ça passe.

Au 32e, Manue et sa pancarte « Ici c’est Marie ★★ » me donne le sourire jusqu’aux oreilles, mais il faut rester mobilisée car le pire arrive : le mur du 32-34 et le boulevard Exelmans puis Suchet qui montent bien. Je me rassure en me disant que je les ai faits lors de ma séance 1h30 + 10km allure marathon. Et je me dis « ça y est il me reste que 10km allure marathon ».

32e-41e : escalader le mur

« Fais balancier avec les bras, tout ce que tes bras font, les jambes le font pas ». J’obéis et j’ai l’impression que ça marche, que je cours avec les bras. Mais au milieu de Suchet, on double des gens qu’on connait et je commence à avoir du mal à avancer. Je m’accroche à l’idée que ça redescend juste après. Yo me donne un sucre que j’ai beaucoup de mal à avaler en respirant. En haut, virage, on va rentrer dans le bois. Il me dit « Comment tu te sens ? » Je dis « ça va » c’est faux mais je ne le sais pas, il me répond » c’est l’heure du gel« . « AH NON BEURK ». Mais si si, il faut le prendre. L’entrée dans le bois, puis les pavés entre les deux lacs est un peu dure, j’en ai presque oublié de vérifier le temps au kilomètre 36. Bref, je ne sais plus trop où on en est.

Et puis je me remets dedans : Boulogne / grandes lignes droites / faux-plat descendant / « à chaque fois que je passe là je suis en 4’35« . Yoyo me dit « ça descend un peu, on en profite pour relancer. » eeeeuh d’accord. Et ça tient. Je me re-focus sur le prochain kilomètre, et je reste collée à la ligne verte par terre. Des gens devant moi ? Je me faufile entre eux comme une égyptienne pour les dépasser.

Quelqu’un a côté de nous demande « c’est bientôt fini?  » et Yo lui répond « oui globalement oui« .

Le 39e et 40è kilomètres me semblent long. Juste avant le 41e, il faut serrer à droite car les pompiers évacuent quelqu’un. ça fait bouchon, mais je me force à ne pas regarder et à me faufiler entre les gens.

Sprint final

Et hop le panneau 41 « allez encore 3 tours de piste ! » J’ai vu que le km 40-41 était plus lent que les autres, du coup je relance un petit peu pour équilibrer. Yohan se fait sortir car il n’a pas de dossard, il ne me reste qu’à terminer toute seule. Je regarde l’allure moyenne sur la montre et j’accélère jusqu’à la faire repasser à 4’45.

Au rond point, il y a des pavés, j’essaie de rester dans le « je vais vite mais je ne vais pas m’écrouler avant la ligne », jusqu’à ce que je la voie, la ligne. J’évalue bien la distance à parcourir et je sprinte, enfin au maximum de ce qui m’est encore possible.

A ce moment là, je ne pense pas au temps final, juste à la vitesse instantanée et à aller au bout. Il est écrit sur le panneau au bout le temps au coup de pistolet « 3h38 » mais je ne suis pas capable de calculer combien de temps après le premier départ je suis partie. Je franchis la ligne, j’appuie sur la montre elle dit « 1 nouveau record : marathon le plus rapide ». Je lui réponds « oui ça je sais », et j’attends qu’elle affiche « 3’17’36« . YEEEEES

Magie du chrono je retrouve Fanny qui est partie dans le sas d’avant et qui a franchi la ligne quasi en même temps que moi en 3h25 !

médaille marathon de paris

Il n’y a plus qu’à fêter ça ! Merci au coach Vincent pour ces 12 semaines de prépa, Yoyo pour ces 17km courus avec moi, le million de conseils et les 600 « allez c’est bien », les 500 supporters (j’ai arrondi) qui ont crié mon nom tellement fort qu’un coureur a demandé « mais c’est qui marie ? elle est venue avec son fan club ou quoi ?), pour les 150 photos, messages, et kudos que vous m’avez envoyés.

Marie

rédactrice web freelance, j'écris depuis quinze ans sur mon blog Graine de Sportive, et j'ai collaboré avec plusieurs médias. Contactez-moi pour me confier vos besoins sports et loisirs !

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