L’année dernière (en mai-juin), pendant et juste après Roland-Garros, on avait couru le 5000m aux soirées de Saint-Maur. Départementaux, Régionaux, Lifa, on était clairement dans le bas de l’entry list (repêchées in extremis pour les LIFA), mais on avait apprécié l’expérience et la bonne ambiance. J’en avais parlé ici et mon meilleur temps que je viens de retrouver était 20’15.
En aout, quand il pleuvait des annulations de courses (on n’a pas encore trouvé le toit pour ça), Vincent nous a proposé de participer au meeting de Fungana, et j’ai même cru qu’il m’avait inscrite d’office au 5000m. Un vrai meeting avec des gens qui courent vite et des tentatives de records de France. Ok, on y va mais on a peur.
Mi-septembre, finalement je n’ai bien sûr pas pu préparer ce 5000m comme il se doit : les vacances, la déception des objectifs annulés (championnats de France, marathons), la préparation de Roland-Garros plutôt mouvementée, les histoires de courir avec un masque ou pas, les finitions de mon appart et mon envie de plutôt boire des bières ont eu raison de mon entrainement. Est-ce que j’échangerais ces semaines consacrées à d’autres sujets que la course à pied contre un 5000m moins douloureux ? Je ne crois pas !
Mais j’ai promis à Mathilde que je ne la laisserai pas toute seule, le 5000 c’est notre truc, on n’a rien à prouver, on le fait pour nous, ça va me remettre en jambes tout ça, tout ça. La veille, en mangeant des pâtes, on regarde la feuille de départ et on constate que le niveau est très relevé et qu’il y à peine une ou deux filles capables de fermer la marche avec moi.
19 septembre nous y voilà. Viens m’attraper est là en force « LE VMA » d’après le speaker » avec notre Candice nationale (enfin elle est Corse mais quand même) sur le 1500m en première alignée. Pas déçus du voyage (jusqu’à Pontoise quand même) : elle termine première de sa série après un finish de folie.
C’est bientôt notre tour, à Manon, Mathilde et moi qui courons le 5000m et on commence à s’échauffer. Jusque là, on sait faire. Footing, dossard, étirements, gammes, pointes, accélération, check du coach. « Vous avez tout à fait votre place ici ». Je lui réponds « bah oui on a payé l’inscription » et on nous place sur la ligne de départ. Je fais un saut comme Nadal pour me détendre un peu, je tripote ma pierre de l’amitié au moment de la photo parce qu’il n’y a que ça qui pourra me sauver. A vos marques ? Prêtes ? Partez !
Je m’étais jurée de ne pas partir trop vite car je sais que la suite risque d’être trèèèès compliquée. Au bout de 50m je me rends compte que les rares filles affichées à 21-22min en temps de référence ne sont pas là puisque je suis déjà dernière. Au 200m je suis déjà en retard mais je regarde la montre je suis en 3’41. Techniquement pas possible d’aller plus vite avec ma forme actuelle.
Du coup je n’accélère pas, et l’écart se creuse déjà. Je fais le premier kilomètre comme ça, un peu en dessous de 4min au kilo et je me dis que ça va être très dur, je me fais déjà doubler de toute part, notamment par les filles qui essaient de battre le record de France du 3000m.
Comme promis ça devient vite dur, il me reste 8 tours et je dois déjà compter moi-même car j’ai des tours de retard par rapport aux premières. Entre 8 tours et 5 tours, je me dis que je vais arrêter, que ça ne sert à rien, c’est comme se prendre Serena Williams en pleine forme au premier tour d’un tournoi. J’ai envie de sortir discrètement à la fin d’un tour et de ne plus jamais revenir.
Mais je me souviens qu’avec Mathilde, on s’est tapé dans la main en disant « on n’abandonne pas », je continue donc à tourner en rond comme ça, sans trop savoir où j’en suis et de moins en moins vite. Je finis par retrouver le compte au moment où la dame qui compte les tours me dit 3, je la reprends « AH NON, deux !! »
A la fin, les premières sont arrivées et Mathilde et Manon me mettent elles aussi un tour. ça me met un petit coup à l’égo mais ça me rebooste en même temps, j’essaie de m’accrocher à elles, et je me dis que quand elles auront fini, il ne me restera QUE un tour.
Mais en fait un tour, c’est très très long, surtout quand on le fait toute seule et qu’il se met à pleuvoir. L’avantage c’est qu’on vous encourage beaucoup, mais vous avez un peu peu l’impression d’avoir enfin gagné un jeu à 6-0, 4-0. J’arrive, j’arrête ma montre, je m’allonge par terre, et je n’ai qu’une envie : quitter le stade. Mais il reste le 5000m hommes avec Vincent et Mathieu à encourager.
Avec Mathilde, on endosse donc notre casquette de supportrice, au bord de la piste. Le genre qui se prend l’orage sur la tête mais qui tient bon en claquant des dents, qui encourage jusqu’au bout après avoir été soutenues quelques minutes plus tôt. C’est un peu l’esprit chez VMA et on pense avoir relevé le défi de ce côté là. D’ailleurs ça a donné des ailes à Vince qui termine en trombe !
Mission accomplie, plus qu’à rentrer boire des bières et manger des frites avec tous les copains qu’on a rencontrés en courant !
A la base j’avais très envie d’oublier cette course (la bière aurait pu la rayer de ma mémoire, mais même là, j’avais perdu vitesse & endurance), mais comme le dit Vincent, je n’ai pas volé ma place, et j’ai été jusqu’au bout de ces 12 tours et demi. Le prochain sera mieux !